Encore une
victoire et une défaite pour cette 3ème ronde…
Groupe B
Amateurs I
- Cavaliers Fous I 3.5 – 2.5
(moy
1889) (moy 1902)
À 19h50, l’équipe du Crazy
Horse, a.k.a. Cavaliers Fous, débarque avec son
Président en tête, Fanfan, dans son style toujours aussi sympathique, si tout
de même un peu bruyant. On approche Fanfan, pour lui demander de parler un peu
moins fort, et le voilà qui parle encore plus fort en se défendant : « J’avais
dit à Marko qu’on viendrait à 20h00 !! Il m’a dit que c’était bon ! Evidemment,
j’ai pas la preuve, mais je te jure, il m’a dit que
c’était OK ! »
« Oui, certes, Fanfan, aucun problème, on n’a pas
lancé les pendules, mais il y a déjà un match qui a commencé, il faut juste
parler moins fort ! »
« Quoi ? Vous avez lancé les pendules ? Hein ?
Pourtant, j’ai dit à Marko ! » etc,
etc. jusqu’à que ce qu’un calme relatif puisse enfin être établi. La première
équipe de CF était venue avec de la munition, en les personnes de Pépé, Dan,
Alexis et Erwin plus deux joueurs relativement plus nouveaux aux 5e et 6e
échiquiers (Michael Montoya et Franck Schneider).
Les feuilles de match sont échangées pour les
appariements, ou plutôt une feuille de match et un magnifique Ipad, côté CF, et les parties débutent.
Sur les échiquiers, les choses commencent assez
tranquillement, notamment au premier échiquier où Gaël, qui fêtait ce soir-là
son anniversaire, affrontait le redoutable Pépé. Un début moderne, des fianchettos des deux côtés semblaient indiquer un voyage
calme sous les brises alizées du Finisterre à Cusco. Un début tranquille
également sur la partie Dan – Jordan. En revanche, Victor fut rapidement sorti
des sentiers battus par Erwin, qui choisit une variante mineure de la
Scandinave où les blancs ne prennent pas le pion et permettent la poussée d4.
Le solide Marcel était tombé sur un os, le prototype du catenaccio
incassable en la personne d’Alexis. Hervé, avec les blancs, entra dans une
variante principale de la Ruy Lopez que son adversaire, Michael Montoya,
semblait bien connaître. Il choisit Fd7 plutôt que Fb7, ce qui donne un jeu un
peu plus comprimé, mais solide. Selon les dires de son président : « Il est en
pleine progression, il en veut, il ira loin ! Il va très vite monter, tu verras
! », et effectivement l’adversaire d’Hervé semble
avoir un jeu coriace.
Au sixième échiquier, j’eus la chance d’affronter
le joueur moins fort de l’équipe, mais qui se révéla ne pas être mauvais du
tout. L’ayant déjà battu en CSE, je fais preuve de légèreté et de négligence
dans l’ouverture, lorsque je vois que son début de pion Dame est plutôt
prudent. Je lance donc quelques escarmouches de Cavalier dans le camp adverse,
mais qui ne font que me faire perdre des tempi en donnant beaucoup trop
d’espace à mon adversaire. Je commence à sentir l’ombre de némésis
dans mon dos suite à cette hybris dont je me
gargarisais intérieurement en ce début de partie funeste. Il fallait se rendre
à l’évidence, je n’avais rien si ce n’est une position inférieure, mon
adversaire ayant avancé son pion en c5 et posté son cavalier indéboulonnable en
b6. De plus, mon Cç6 ne pouvait quitter son poste stratégique pour contrôler la
case cruciale e5 que lorgnait son Cavalier de l’aile Roi. "Quand on a un
jeu de merde, il faut bluffer" est la fameuse réplique de Steve McQueen
dans le Kid de Cincinnati. Je lance donc mes pions de l’aile Roi à l’attaque de
ce même Cavalier, dénudant ainsi dangereusement mon Roi, une attaque qui
n’avait que le nom et que mon adversaire eût pu aisément contrer par un repli
temporaire. De manière incompréhensible, il le poste en e5 sans se rendre
compte que le simple échange des pièces lui fait perdre un pion central
hautement stratégique.
Que se passait-il alors sur les autres échiquiers
après deux heures de jeu ? Tout semblait tenir, et même Jordan ferraillait
comme un beau diable à son redoutable adversaire à qui il rendait 400 points élo.
La première position à montrer des craquelures fut
celle de Victor contre Erwin qui sut étouffer la fougue de son brillant adversaire par la plus grande
expérience du jeu positionnel. Ce fut d’abord un pion qui tomba dans son
escarcelle suivi d’une pointe tactique qui força Victor à admettre sa
défaite, la troisième contre Erwin. Mais
l’amertume sera de courte durée, car avec les défaites, c’est l’expérience que
le jeune Victor est en train d’accumuler. « Chaque partie laisse du sang sur
l’échiquier » disait Kasparov, et nul doute que le score sera renversé prochainement.
À mes côtés, Hervé semblait avoir pris l’ascendant
sur son opposant en poussant le pion e5 qui sème tout à coup la terreur dans le
camp noir. Certes le pion blanc est cloué et ne peut capturer le Cavalier en
f6, en raison d’un « almost a trick » (voir les
commentaires de Caruana sur la 8ème partie du
championnat du monde). La Dame noire est en embuscade en c7 et les blancs ont le thématique Cavalier de l’aile dame qui a migré en g3 et
le Fou noir en c5 cloue le pion f2. Mais Hervé ne se laisse pas surprendre et
patiemment avance avec son cavalier jusqu’à l’estocade finale en f6 qui prend
en fourchette le Roi et la Tour. Ite Missa Est, eût dit le prêtre espagnol du
16ème siècle de l’ouverture éponyme. Bien joué Hervé !
Sur le sixième échiquier, ma position était passé
de pénible à agréable et il revenait à mon adversaire de chercher des réponses
aux questions posées par mes pièces. Les pions centraux purent maintenant
avancer et permettre des vraies intrusions de Cavalier dans le camp adverse
autrement plus décisives que les petites sautes de l’ouverture, ce qui força
les tours à perdre leur coordination. Une fourchette finale conduisit à
l’abdication de mon adversaire. De mon côté, la leçon reste : pas d’arrogance
aux échecs !
Il restait donc trois parties. Jordan allia
efficacité et courage pour arriver à une position égale si ce n’est nulle. Il la propose à son adversaire qui l’accepte. Encore
une perf' de Jordan contre un >2000. Il est certain que le jeune doctorant
va monter en flèche dans les classements ! Bien vu, Jordan.
Amateurs I commence à se sentir bien. Pouvaient-ils
perdre les deux autres parties dont les positions devenaient rudement tendues?
Surtout que trois joueurs sur quatre étaient en sérieuse détresse de temps. Et
une fois n’est pas coutume, Marcel n’était pas le pire ! Alexis en face n’avait plus que trois minutes
et Marcel encore sept minutes et une petite dizaine de coups à jouer. La
position de Marcel était tout de même déjà meilleure puisqu’il avait donné un
Cavalier et une Tour contre une Dame et un Pion. Il presse son adversaire en
jouant à tempo pour ne pas le laisser réfléchir et souffler sur son temps.
C’est là qu’advint un petit incident d’arbitrage. Alexis se plaint de Marcel
que ce dernier ne note pas ses coups. Fanfan stoppe la pendule et réitère les
doléances d’Alexis. Pourtant, tous les coups de Marcel figurent sur sa feuille
de partie. « Oui, mais il doit écrire le coup de son adversaire avant de jouer
! ». Cependant, il n’en est rien et je précise la règle 8.1.c de la FIDE que je
vous propose d’apprendre par cœur :
« Un joueur peut répondre au coup de son adversaire
avant de le noter, s’il le souhaite. Il doit noter son coup précédent avant
d’en jouer un autre. »
Je demande le soutien arbitral de Marc Schaerer qui confirme la règle et ne pas avoir vu de coups
manquants sur la feuille de Marcel. Alors Alexis abandonne. Alexis, une
personne admirable au grand cœur, mais qui se laisse parfois emporter par ses
démons. Un joueur qui peut presque détester autant gagner que perdre, et
l’idée-même qu’un être humain prenne le dessus sur un autre le désole. Alexis,
si tu nous lis, oublions l’incident. Marcel est un joueur certes compétitif
mais qui a toujours fait preuve de fair-play dans le noble jeu. Jouer à tempo
puis noter les deux coups est non seulement légal mais très courant dans des
situations de Zeitnot. Amateurs I était déjà gagnant
à ce moment-là.
La partie choc de la soirée fut clairement celle du
premier échiquier. La petite brise s’était transformée en sérieux coup de vent
et avec moins de deux minutes pour jouer douze coups, Gaël doit prendre des ris
pour éviter de partir au lof sous les vagues scélérates de Pépé qui a une belle
réserve de 25 minutes à la pendule, et qui, lui aussi, cherche à pousser son adversaire
à la faute. La position est hautement tactique même si les Dames ont quitté
l’échiquier. Le camp des Amateurs sourit quand Gaël arrive à capturer un Fou
adverse. Les noirs menacent aussi de prendre un Fou Blanc avec une Tour qui
part à la découverte, mais pour l’instant le jeu blanc soutient l’attaque et
les menaces sont parées. Et puis, c’est la petite erreur lorsque Gaël prend
encore un pion, et l’attaque à découverte devient réelle. Plutôt que de perdre
une Tour, notre fer de lance Breton renonce à son Fou ce qui relance la partie.
Tout s’emballe encore avec un Pion de chaque côté qui vise la promotion. Bien
heureusement, Gaël trouve la pointe tactique qui permet de simplifier la
position en sacrifiant (temporairement) sa Tour. La limite du temps est passée,
et il reste deux Fous de même couleur et trois pions de chaque côté. Position
égale, mais loin d’être nulle... Il faut encore souquer ferme, car le Roi noir
est en légèrement meilleure position que son homologue blanc. Le public retient
sa respiration. Gaël va-t-il / doit-il / peut-il pousser son pion ? « Non, non
surtout pas ! » entend-on kibitzer parmi les
spectateurs qui se sont agglutinés autour de l’échiquier. Mais sera-ce la
pression ou le relâchement de cette dernière ? Gaël poussa le pion qui
malheureusement donna la victoire aux Noirs. Le reste n’était que technique.
Quel dommage de ne pas célébrer son anniversaire avec une belle victoire ! En
consolation, c’est lui qui offre au club une très belle partie pleine de
rebondissements. Magnifique !
Pas d’analyse, car il est déjà minuit, et nos amis
de CF nous aident gentiment à ranger jeux et tables.
PS: Gaël expliquera également que ce n'est
finalement pas la poussée du pion qui amena à la défaite contrairement à ce que
pensaient les spectateurs de la partie, mais un coup ultérieur. La nullité
était encore tout à fait possible après la poussée du pion ! La morale de cette
histoire c'est que, comme très souvent, le public ne voit pas toutes les
subtilités de la position qui occupe de manière beaucoup plus intense les
joueurs !
Gio
|
|
|
||||
1. |
Gaël Le Bourhis 2138 |
José Ruiz 2128 |
0-1 |
|||
2. |
Jordan Bouilloux 1838 |
Dan Hanouna
2052 |
1/2 |
|||
3. |
Marcel Mettler 1848 |
Alexis De Gregorio 1963 |
1-0 |
|||
4. |
Victor Galvao 1777 |
Erwin Van Boltaringen
1850 |
0-1 |
|||
5. |
Hervé Jungo 1795 |
Michael Montoya 1714 |
1-0 |
|||
6. |
Giovanni Ferro Luzzi
1937 |
Franck Schneider 1707 |
1-0 |
|||
|
|
|
|
|
|
|
Echiquier Romand I – UIT I 2-4 ; Nyon II – Genève
II 2.5-3.5
Classement :
|
|
|
|
1. |
Amateurs I |
6 |
12 |
2. |
UIT I |
4 |
10 |
3. |
Genève II |
4 |
8.5 |
4. |
Cavaliers Fous II |
2 |
11 |
5. |
Echiquier Romand I |
2 |
8 |
6. |
Nyon II |
0 |
4.5 |
4ème ronde (13 au 17 décembre) :
Amateurs
I – Nyon II ; Cavaliers Fous II – UIT I ;
Genève II – Echiquier Romand I
Groupe C
Amateurs II - Bois-Gentil
III 0.5 – 3.5
(moy 1550) (moy 1749)
Les
hostilités avec nos amis du Bois-Gentil III ont commencé à 19h30 frappantes.
L’adversaire
d’Uri entamait une défense Nimzo-indienne qui
transposa dans une semi-slave, où Uri, l’homme de Moscou, avec Fg5, donna la
possibilité à son adversaire de jouer la variante de Moscou.
Michael
avec les noirs choisit un plan assez agressif avec une Hollandaise.
Beaucoup
plus calme le début de partie entre Isabelle et Heini
où Isabelle opte pour le système London, qui est pourtant la spécialité de Heini avec les blancs.
Enfin, au
quatrième échiquier, Ludo affronte une nouvelle recrue de BG qui dégaine un
gambit roi, mais assez étrange avec la poussée f5 côté blanc. Sur ce dernier
échiquier, les choses semblent vite tourner à l’avantage de Ludo qui gagne un
pion, semble-t-il sans compensation. Toutefois, quelques coups plus tard, une
compensation apparaît avec les entrailles du Roi noir ouvertes, et une Dame
blanche très menaçante.
Toutefois
les choses commencent à tourner assez mal, car Ludo et Michael semblent avoir
déjà rendu les armes. N’ayant pas pu voir le déroulement des parties, je
propose que les intéressés cochent la bonne réponse :
□ «
J’ai pas vu que je perdais une pièce »
□ «
Pas facile à défendre ces pions doublés »
□ «
Ah, échec et mat ça fait toujours mal »
□ «
Je croyais que c’était 36 coups la cadence ! »
□
Autre (précisez) :
Ce sera
donc déjà impossible de gagner le match, mais Uri et Isabelle auront-ils la gnaque pour mettre à genoux leur adversaire ?
Malheureusement non. BG était trop fort, ce soir-là. Isabelle accepta la
défaite un peu plus tard (Cf. la réponse qu’elle donnera aussi à la question à
choix multiple), tandis qu’Uri réussit à sauver l’honneur d'Amateurs II avec
une nulle, contre l’expérimenté Burt Hann.
Mais la
soirée ne se conclut pas là pour le capitaine d’un jour. Rentré chez lui et
ayant déjà mis sa chemise et son bonnet de nuit, que ne voilà-t-il pas que Ludo
l’appelle pour lui dire qu’il a oublié son casque au Club. Ludo : c’est un acte
manqué ! Tu ne voulais pas protéger cette tête qui t’a fait perdre ce soir !
PS: Plus
tard, Isabelle Delay expliquera sa défaite
par un choix douteux de mouvement de pions à un certain moment qui a
fait basculer la partie en sa défaveur.
Amicalement,
Gio
1. |
Uri Dibner 1680 |
Burt Hann 1799 |
1/2 |
2. |
Michael Dibner 1560 |
Ali Zamiri NC |
0-1 |
3. |
Isabelle Delay 1496 |
Heini Hunziker
1698 |
0-1 |
4. |
Ludovic Babel 1465 |
Steven MacFarlane NC |
0-1 |
Bois-Gentil
II – Ville de Genève I 2-2
Classement
:
1. |
Bois-Gentil II |
5 |
8.5 |
2. |
Bois-Gentil III |
4 |
6.5 |
3. |
Amateurs II |
2 |
5 |
4. |
Ville de Genève I |
1 |
4 |
4ème
ronde (12 décembre) : Bois-Gentil II – Bois-Gentil III ; Ville de Genève
I – Amateurs
II